Un petit texte sur Halloween écrit il y a quelques années :
« C'est bientôt Halloween alors répétez tous après moi : fêter Halloween est beaucoup moins grave que de recevoir la Communion des mains de divorcés remariés potes avec le curé. Fêter Halloween est beaucoup moins grave que de voir des évêques, des prêtres, et des fidèles, faire dans leur immense majorité semblant de ne pas voir qu'une partie de l'Église est totalement gagnée à la cause LGBT. Fêter Halloween est nettement moins grave que d'entendre un prêtre affirmer pendant son homélie que Jésus n'a pas voulu fonder une religion et que Mahomet et Bouddha étaient peut-être eux aussi des prophètes (je l'ai entendu de mes oreilles). Fêter Halloween est carrément moins grave que l'existence des cathos de gauche (qui ne sont que de gauche en réalité) et des cathos de droite (qui ne sont que de droite). Fêter Halloween est franchement moins grave que de voir des cardinaux prosternés devant une Pachamama au Vatican. Fêter Halloween est infiniment moins grave que les innombrables affaires de pédophilie qui secouent l'Église. Fêter Halloween est indubitablement moins grave que l'entrisme de Mammon dans l'Église, puisque je me permets de le rappeler, François avait engagé un ancien patron de Goldman-Sachs, Peter Sutherland, comme conseiller aux questions migratoires. Fêter Halloween est immensément moins grave que l'occultation presque complète des fins dernières au profit d'un Catholicisme sympa où on ira tous au paradis, un Catholicisme quasiment réduit à une morale civique ou à une technique de bien-être. Fêter Halloween est infiniment moins ridicule et de mauvais goût qu'une seule chanson de Glorious. Fêter Halloween est infiniment moins ridicule et de mauvais goût que l'existence de Témoignage Chrétien et de ses vieilles harpies malades à l'idée de ne jamais finir cardinales. Fêter Halloween est infiniment moins ridicule et de mauvais goût d'un évêque qui annonce qu'il va bien entendu voter pour Emmanuel Macron, l'employé de Rotschild qui autorise et autorisera toutes les saloperies bioéthiques qu'on lui demandera d'autoriser. Fêter Halloween est infiniment moins une insulte à Dieu, aux Écritures, à la venue du Christ, aux martyres et aux saints, que cette saloperie de déclaration d'Abou-Dhabi où il est écrit noir sur blanc et ratifié par l'Église que la diversité des religions est VOULUE par Dieu. Je pourrai continuer cette liste jusqu'au Jugement dernier. Halloween n'est pas une messe noire ni une résurgence païenne, c'est une fête commerciale américaine et un carnaval où l'on joue à se faire peur pour rire, de la même manière qu'on regarde un film d'horreur débile en mangeant du pop-corn. On a pas plus de chance de finir en Enfer en se déguisant en vampire pour aller chercher des bonbons chez les voisins, qu'en écoutant une vidéo du père Matthieu et en gobant ses conneries. »
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Dieu merci, le père Matthieu a quitté le sacerdoce depuis. Le reste en revanche a plutôt empiré on dirait.
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Quelques considérations supplémentaires sur les films d'horreur :
Si Halloween doit être une fête récurrente en France alors il faut travailler à la vider de tout contenu satanisant, réellement néopaïen, malsain, malveillant. Ça doit devenir un innocent carnaval – puisque le vrai Carnaval disparaît par ailleurs peu à peu.
La négativité existe – la pulsion de mort, la fascination pour les ténèbres, la souffrance, les monstres, etc. Nous sommes des êtres déchus et jouer aux anges, faire croire et se faire croire que nous échappons à toute pulsion de mort, que nous sommes entièrement, même nous les chrétiens, exclusivement tournés vers la lumière et vers la vie, serait une terrible illusion.
Une part de nous est fascinée par les ténèbres et la mort et puisque c'est un fait et une réalité alors la culture, en l'occurrence la culture chrétienne, doit donner à cette part d'ombre une occasion de s'exprimer MAIS en l'orientant vers le Salut, vers le Christ. Les innombrables représentations du Calvaire et du Christ mourant, décharné, jaunâtre, purulent, sous des ciels noirs de fin du monde, jouaient aussi ce rôle-là : fournir au public sa dose de ténèbres, mais en retournant la fascination pour le Mal en fascination pour la Victime par excellence de ce même Mal.
Ce n'est évidemment pas le propos du Halloween commercial et purement profane (même pas néo-païen) que nous connaissons aujourd'hui. Mais on peut déjà travailler à le vider de tout contenu réellement maléfique. Il est vrai qu'une partie de la génération Harry Potter a réellement dérivé vers l'ésotérisme. Mais cela a toujours existé, avec d'autres prétextes culturels. Sans doute la déchristianisation accentuée de la société a-t-elle rendu la chose plus largement répandue et plus visible. Pour autant regarder un film d'horreur ne suffira pas à faire d'un chrétien un traître vendu au Diable. Pas plus que le fait de se déguiser.
Se déguiser permet de tourner le Mal en dérision, d'en rire et de le dédramatiser en en faisant un truc idiot et convivial. Certes, le Mal avec un grand M ne devrait pas être dédramatisé, au contraire, évidemment, mais partant du principe que les gens n'y croient plus, il faut aussi comprendre que ce n'est pas cette question-là qui se joue en eux.
Se déguiser en vampire ou en zombie c'est tout simplement représenter la mort pour s'y habituer, se faire à l'idée, rendre la chose moins traumatisante, moins étrangère. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une société qui a totalement évacué la mort et sa présence physique – plus de morts exposés dans leur lit, plus d'enterrements pour une part croissante de la population, et même plus de sépulture ou de cadavre devant lequel se recueillir. Les malades, les mourants, les vieux, les débiles, tout ce qui ressemble à la faiblesse, à la souffrance et à la mort est de plus en plus censuré et tabou. Halloween est pour les gens normaux, indifférents à l'ésotérisme, moins une fête sataniste qu'un carnaval noir permettant de se confronter à nouveau un peu avec cette réalité escamotée de la mort – qu'ils en aient conscience ou pas.
Quant aux films d'horreur, comme je l'ai déjà écrit, ils sont purement et simplement LE dernier lieu de la culture où est affirmée et rappelée l'existence d'un Mal absolu et transcendant, extérieur à l'Homme. Parfois plus qu'à la messe, si je voulais être un peu provocateur.
Halloween est une fête commerciale très lointainement parente de fêtes païennes auxquelles strictement personne ne s'intéresse, et où l'on affirme et représente de manière ludique, supportable, l'existence du Mal et de la mort.
Il n'y a rien qui empêche cette fête-là d'être un simple amuse-bouche avant la vraie fête, celle de la Toussaint, où l'on réaffirme la victoire de la Vie éternelle sur la mort, de la Sainteté sur le Mal, de Dieu sur le Diable.
Et comme on le sait, le Diable porte Pierre.